Google I/O 2025 : l'IA qui génère des vidéos de A à Z est là : Veo3 ... et elle fait flipper (ou rêver ?)
Oui, tu as bien lu. Texte → vidéo. De zéro. Pas juste quelques slides animés ou un gif plan-plan. Une vraie scène de film, avec personnages, mouvements de caméra, dialogues, ambiance… Une production complète, synthétisée en quelques secondes.
Go pour une démo - attention tout est generé par une IA
Une IA cinéaste dans ton navigateur
Baptisée VideoFX, cette technologie repose sur Gemini 2 Ultra. Elle fusionne génération d’images, compréhension du langage, synthèse vocale et simulation 3D. Tu lui donnes une description textuelle, elle te sort une vidéo de 30 secondes. Pas une parodie, pas une prévisualisation : un court-métrage crédible.
Exemple : “Une femme traverse un Tokyo futuriste sous la pluie, néons et parapluie holographique, caméra en travelling latéral.”
Boom, la scène prend vie. Ambiance Blade Runner, fluide, esthétiquement cohérente. Flippant de réalisme.
La créativité décuplée… ou standardisée ?
L’un des messages clés : l’art du prompt devient une nouvelle forme de réalisation. Tu es auteur, réalisateur, directeur photo… le tout en une phrase bien pensée.
Mais cette créativité accessible à tous peut-elle tuer la diversité artistique ? Si tout le monde utilise les mêmes modèles entraînés sur les mêmes données, ne risque-t-on pas d’uniformiser l’imaginaire collectif ? Une sorte de Netflix éternel, généré à la demande, propre, lisse… et prévisible ?
Et le prix dans tout ça ?
C’est peut-être l’un des éléments les plus surprenants : Google a choisi une tarification assez démocratique. Pour accéder à VideoFX (en version limitée à 30 secondes par création), il faudra souscrire à Google One AI Premium, à environ 25 €/mois (une solution moyenne pour ce prix là) Un tarif aligné avec ceux de ChatGPT Plus ou Copilot Pro, qui vise à rendre cette technologie accessible au plus grand nombre, pas uniquement aux studios ou agences.
Mais attention : l'accessibilité tarifaire ne signifie pas égalité des moyens ou des résultats… et ça, ça pique parce qu'en fait c'est 300€/mois pour faire un truc correcte mais le but de Google est de casser le marché et creer un petit monopole en reprenant les clients de chez les autres fournisseurs genre OpenIA, Microsoft etc... et ils augmenteront le prix plus tard (pas d'inquiétude au final ils ne vont pas perdre de $$ au risque d'avoir des pubs dans ses créations ^^)
Des données… mais lesquelles ?
Et là, l’odeur de friture commence à se faire sentir.
D’où viennent les données d’entraînement ? Google affirme que VideoFX a été formé sur des contenus publics ou sous licence. Mais qui peut garantir que nos photos stockées dans Google Photos ou nos vidéos dans Drive n’ont pas été utilisées comme matière première ?
Les conditions d’utilisation restent volontairement floues et peuvent changer à tout moment.
Est-ce que le visage de ton enfant, pris à la plage en 2017, pourrait “inspirer” une future IA sans que tu le saches ?
Est-ce que ta vie numérique alimente une machine que tu ne contrôles plus ?
Manipulation de l’information : le piège visuel
Autre dérive potentielle : la manipulation massive de l’information.
Comment savoir si ce que tu regardes est réel ?
Une manifestation politique ? Un témoignage de guerre ? Un scandale d’entreprise ?
Avec des vidéos générées par IA de plus en plus réalistes, le doute devient la norme.
Google a promis des filigranes numériques (watermarks invisibles) intégrés à chaque vidéo générée, censés garantir leur traçabilité. Mais :
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Comment fonctionnent-ils ?
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Peuvent-ils être contournés, supprimés, brouillés ?
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Qui aura accès à leur détection ?
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Et surtout, est-ce que ça servira à autre chose qu’à rassurer les journalistes pendant deux semaines ?
Autrement dit : peut-on encore croire ce que l’on voit
Un impact humain qui fait froid dans le dos
L’IA vidéo ne va pas seulement toucher Hollywood ou les YouTubers. Elle pourrait redistribuer les cartes dans des centaines de professions :
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Réalisateurs indépendants
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Monteurs
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Animateurs
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Comédiens de doublage
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Graphistes
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Voix off
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Publicitaires
Pourquoi engager 5 personnes quand un prompt peut tout faire en 20 secondes ?
Et pendant que certains s’émerveillent, d’autres perdent leur job avec un clair nivellement vers le bas des gens (pour nos futures générations)
Une fracture technologique et sociale
Car cette révolution ne sera pas vécue de la même façon selon que tu sois :
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un cadre supérieur avec accès à des IA Premium,
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ou un créatif freelance qui galère à se payer une licence Adobe.
Les riches auront les outils pour créer, automatiser, vendre.
Les autres risquent de devenir spectateurs d’un monde qu’ils ne maîtrisent plus.
Cette IA vidéo est peut-être le Photoshop des années 2020, ou le smartphone de demain. Mais dans un monde déjà inégalitaire, son déploiement risque d’amplifier le clivage entre ceux qui ont la maîtrise… et ceux qui ne font que subir.
Conclusion : génie ou boîte de Pandore ?
On y est. Après le texte, l’image, le son, voici la vidéo générative. Personnellement je suis super épaté par cette technologie moi qui suis un geek addict mais ... le questionnement derrière .... Une technologie bluffante, fascinante, mais terrifiante par ses implications.
Elle ouvre la voie à une créativité sans limite.
Mais elle menace aussi la vérité, l’intimité, l’emploi, et l’équilibre social.
Et si demain on ne peut plus faire la différence entre une vidéo “réelle” et une vidéo “promptée”, comment fait-on confiance ? À qui ?
Peut-être qu’il est temps de réfléchir à notre rapport à nos données.
De se demander si héberger nos souvenirs sur Google est encore une bonne idée.
Et de se préparer, chacun à notre échelle, à une secousse aussi violente que silencieuse.
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